Rencontre avec Cécile Biasotto, chargée de l’accueil et de
la communication à l’école de cirque et Stéphane Els, auteur et metteur en
scène de Jardin d’enfants, une pièce sur l’enfermement et l’enlèvement.
Pourquoi ce thème de
l’enfermement ?
Stéphane : « En fait il y a plusieurs thèmes, le
thème de l’enfermement, celui de l’enlèvement et de la séquestration. Ce sont
des thèmes graves et légers en même temps. Les 2 personnages ont des raisons,
des identités différentes. On peut explorer leurs émotions et faire varier la gamme de leurs émotions. Montrer
le point de vue de chacun : celui de la victime, celui de celui qui a
commis l’acte. Que pense-t-il ? Quand il se produit un fait dramatique, on
a toujours le point de vue de la victime, et c’est normal, mais on n’a jamais
le point de l’agresseur. Pourquoi il a fait ça ? Est-il lui aussi victime
de quelque chose ?"
Eva : « On a besoin d’avoir le point de vue de l’agresseur,
car on a besoin de le comprendre ».
Garçon 3ème : « ça nous apporte quoi de
savoir ça ? »
Stéphane : « Moi, je m’intéresse aux causes
perdues, je me fais l’avocat du diable. Je sens que dans ce genre d’actes, il y
a des choses qui peuvent être communes, comme par exemple : la colère :
on l’a tous éprouvée. Comprendre ce qu’il y a en nous. Dans cette société du tout technologique,
on essaye de tout maîtriser, mais il y a
aussi nos pulsions, des choses qui nous dépassent. C’est pour ça que si on le
comprend chez les autres, on se comprend mieux soi-même. Il faut comprendre les
forces qui sont en nous ».
Qu’est-ce qui nous empêche de passer à l’acte ?
Élève : «La société… »
Est-ce que la colère est forcément mauvaise ?
Stéphane: « Oui, si elle a des conséquences graves :
meurtres, viols, enlèvement… mais s’il faut empêcher le meurtre, il ne
faut pas empêcher la colère. Comment faire pour que la colère ne fasse pas de
mal aux autres, et qu’elle ne vous fasse pas de mal à vous aussi ? »
Élèves : « On peut faire des sports de combat pour
passer sa colère, on peut s’expliquer avec la personne qui nous a mise en
colère, on peut pleurer, écouter de la
musique, dessiner... »
Stéphane : « Moi, je me sers de ma colère pour
écrire. Avec l’écriture, j’ai compris que ma colère pouvait être utile à
quelque chose. Quand je crée une pièce de théâtre, je livre un combat, je donne
mon point de vue, mais je peux défendre tous les points de vue avec mes
personnage, je suis donc obligé de changer mon point de vue . C’est la
force de la fiction. Moi, en tant que personne je suis une personne très calme,
mais en tant qu’auteur j’aime les conflits. Un conflit ça fait toujours une
bonne histoire. C’est bien de comprendre son agresseur ».
Meriam : « Mais si on comprend trop l’agresseur ça
peut être banal ».
Stéphane : « Une victime peut devenir agresseur, par
exemple dans les violences. L’agresseur est déjà une victime. C’est donc entre
l’agresseur et la victime, une rencontre de 2 victimes ».
Karen : « Souvent on reproduit ce qu’on a vécu ».
Le syndrome de Stockholm :
Stéphane : « Pour moi, ce n’est pas une maladie, c’est
normal car le seul moyen de s’en sortir
c’est de prendre le point de vue de l’autre. Ce que nous ne pouvons pas combattre,
il faut l’embrasser. Par exemple, la guerre en Libye, on fait la guerre pour la
paix : de la violence pour obtenir la paix, c’est dérangeant. Les hommes
ça devient concrets, dans une situation de peur, il se crée un rapprochement
entre les hommes quel que soit leur camps… comme dans les tranchées en 14-18 ».
Stéphane : « Un conseil, faites du théâtre, n’écoutez
pas ceux qui vous disent que ce n’est
pas fait pour vous. Écrivez c’est une activité riche et stabilisante pour l’esprit.
N’attendez pas qu’on vous le permette faites le ».
Cécile : « Parce qu’on se connaissait déjà et
Stéphane avait envie d’utiliser une technique particulière du cirque : le
tissu. Il voulait jouer dans un espace assez grand pour pouvoir parler d’enfermement.
L’idée de base c’est d’installer les rapports différents
ente les personnages, il ne voulait pas de face à face quand la victime prend
le dessus, il l’évoque visuellement avec le tissu".
Stéphane : « Pour moi, on ne nait pas victime, on
peut se défendre. Dans les journaux, les rôles sont bien faits : l’agresseur
est né pour être l’agresseur, et la victime est née pour être la victime mais
dans la réalité ça ne se passe pas comme ça".
Le passage à l’acte :
Stéphane : "Par exemple, quand on désire quelqu’un parfois on ne sait
pas comment faire, il y a ce moment d’hésitation, je le fais, je ne le fais pas ?
Mon personnage quand il a enlevé la victime, il ne sait plus quoi faire après,
mais il l’a fait quand même. Quand je réfléchis aux conséquences je peux
corriger les choses ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire