mercredi 4 février 2015

"voyage à Pitchipoï" de Jean-Claude Moscovici


J'ai lu "voyage à Pitchipoï" de Jean-Claude Moscovici, qui est une autobiographie -plus précisément un témoignage. L'auteur, d'origine juive, relate son histoire durant la Seconde Guerre Mondiale.
Il a été publié par l'école des loisirs en 1995. J-C. Moscovici fut déporté dès l'âge de six ans avec sa petite soeur qui, elle, n'en avait que deux. Il est né à Paris en 1936 mais il est d'origine roumaine. Son père est arrivé en France en compagnie de ses deux autres frères. Il était médecin et aimé par tout le village. Mais en 1940, avec l'occupation, leur quotidien va changer. Ephraïm -le père du petit Jean-Claude Moscovici- doit arrêter sa profession de médecin du fait des lois anti-juifs.
Dans la nuit du  15 au 16 juillet 1942, son père et ses deux oncles sont arrêtés puis déportés à Auschwitz par le convoi n°8. Le premier septembre, sa mère fausse compagnie aux autorités allemandes grâce à sa voisine -et amie- Odette Blanchet.
Puis c'est au tour de Jean-Claude et Liliane (qui ont, rappelons-le, six et deux ans) de se faire arrêter le 9 Octobre 1942 et qui sont envoyés d'abord dans une prison, puis dans le camp de Drancy où ils sont sous-alimentés.
Ils vont réussir à s'en sortir grâce à un de leurs oncles qui était lui aussi interné là-bas et qui arrivera à les placer dans un orphelinat, avant qu'ils ne puissent retrouver leur mère en janvier 1943.

Commençons par le commencement : le titre. En effet, "Pitchipoï" est un nom quand même étrange, non ? En fait, c'est le nom qu'utilisaient les juifs de France pour désigner le lieu inconnu et menaçant des convois des déportés. Il serait apparement apparu à Drancy parmi les enfants qui y étaient retenus. Cela signifie "pays de nulle part". C'est l'équivalent de notre "Trifouillis-les-Oies"  ou encore "Pétaouchnok"en quelque sorte.

Jusqu'a la page 41, il parle en résumé de sa vie. Mais à partir de la page 42, il décrit l'arrestation de sa famille par les allemands. Cet évènement l'a particulièrement frappé puisqu'il s'en souvient en détail ; jusqu'à la date exacte "c'était dans la nuit du 1er au 2 septembre". C'est d'ailleurs l'un des seuls moments qu'il décrit avec précision. Il se rappelle presque tout. Du comment il a été réveillé, où ils étaient cachés -lui et sa soeur. Il se rappelle même que sa mère les a mis sous un vieux tapis du grenier après avoir rabattu les couvertures de leurs lits comme si personne n'y avait dormi. Malgré son très jeune âge, il comprenait plus ou moins ce qu'il se passait. Il a essayé de retranscrire au plus vrai possible son passé.

Dans le reste du livre, les évènements sont confus, un peu en désordre et vagues. Il passe de son histoire à celle de sa mère et pas forcément chronologiquement ou de façon qu'on voit le rapprochement. La plume qui a écrit n'est pas non plus superbe. Il parle sans vraiment décrire, il n'apporte pas grand chose de nouveau. Au camp de Drancy il change de point de vue, il utilise le pronom "on" (peut être pour inclure sa soeur avec qui il est resté durant tout le temps de la guerre ? Ou pour se mettre à la place de tous les enfants du camp...?).

On peut relever tous les mauvais points de cette autobiographie, mais on peut aussi les voir sous un autre angle. Il doit supporter la douleur de ses souvenirs dans un livre alors qu'il ne sait pas forcément très bien manier la plume mais pourtant, il s'efforce, malgré tout, à se donner au maximum afin que son histoire soit publiée. Ce qui est assez touchant, car beaucoup n'ont pas eu ni la force, ni le courage de le faire, par peur de retomber dans leurs cauchemars, dans leur calvaire maintenant passé mais pourtant bien ancré dans leur mémoire... Alors oui, ce n'est pas forcément un chef d'oeuvre, mais ça vaut le coup d'oeil. Car ce n'est pas une grande oeuvre littéraire mais cela reste tout de même un témoignage fort sur cette période sombre de l'histoire de l'Histoire.

Guillemette Jimenez

2 commentaires:

Unknown a dit…

Excellente analyse, vous avez parfaitement compris le message véhiculé par cette oeuvre. Je trouve étonnant qu'un collégien ait ce niveau d'analyse. Félicitations, j’espère pouvoir lire vos autres articles dans le futur.

Anonyme a dit…

Pour avoir rencontré l'auteur, je peux vous dire qu'il s'agit quelqu'un de très lettré et qui écrit très bien. "Voyage à Pitchipoï" use d'un style DÉLIBÉRÉMENT simplifié et pudique et la critique du style est, pour ce genre d'ouvrages, hors de propos. Pour le cas de Jean Claude Moscovici, deux raisons l'ont fait opter pour ce style, d'abord il s'adresse à des enfants, ou à des très jeunes gens, ensuite il tente de retranscrire des souvenirs au travers des yeux de l'enfant qu'il a été. C'est selon moi un point manquant à votre analyse et la raison d'un contresens.