Le café philo a reçu la compagnie « La Trace » qui a adapté
pour la scène les souvenirs d’un dame qui a traversé le siècle avec ses
turbulences. A 87 ans aujourd’hui, elle raconte dans une langue particulière
(faite de sa langue maternelle, de français…) ses souvenirs d’exil, de camp
nazi, d’émigration, installation à Châtellerault. Rencontre.
Alain, l’auteur : « A chaque fois qu’un individu
meurt quel que soit son âge, c’est plus d’une bibliothèque qui brûle. C’est des
connaissances, des impressions. On voudrait que la mémoire de nos parents se
perpétue, leur émotions, leur joies…
Par exemple les misérables de Victor Hugo et la Chartreuse de
Parme de Stendhal parlent du champ de bataille de Waterloo. Le premier écrit comme s’il survolait la bataille en hélicoptère,
le second du point de vue d’un homme sur le terrain.
« Je n’ai pas
fait de réécriture de la parole de cette dame mais un choix. Il y avait 8
heures d’enregistrement et je n’ai réécrit que quelques passage du récit pour
l’organisation de la pièce. On est passé de l’oralité, à l’écriture d’une
langue qui n’existe pas (mélange de français, d’ukrainien et de patois). On n’a
gardé que le miel de la mémoire. Comme dirait Alain : qu’est ce que c’est
que la mémoire : une ruche, qui renferme
le pollen de milliers de fleurs butinées et il reste seulement le miel.
« Elle a le goût et elle a un sens ».
Quel est l’intérêt
pour le spectateur de voir l’histoire d’une vieille personne ?
« C’est
l’histoire d’amour entre une mère et son fils qui veut connaître l’histoire de
sa mère ».
Qu’aimeriez-vous
savoir de la vie de vos parents ?
Badr :
« Savoir leur vie entière ».
Karen :
« Connaitre les souvenirs qui les rattachent à un objet par exemple.
Partager leurs souvenirs d’enfance et d’adolescence. On veut savoir parce qu’on
les aime ».
Mériam :
« J’aurais peur de découvrir des choses qui me choquent. Ils seraient un peu moins parents ».
Pourquoi on n’ose
pas leur demander ?
Eva : "Parce
qu’on a peur qu’ils le prennent mal".
Badr :
« Parce qu’on a peur ».
Quel est le
meilleur média pour transmettre la mémoire ?
Khallid :
« Avec Internet, les tonnes de
photos de vidéo, vos enfants pourront
en tapant votre nom sur
Google savoir beaucoup de vous».
Séverine :
« La mémoire doit peut être choisir un autre média, car ce qu’on trouve
comme vidéo ou photo ne sont que des moments de vie, difficile de résumer la complexité d’une mémoire humaine ».
Alain :
« La mémoire c’est comme la feuille d’un arbre qui change de couleur, pour
que quelque chose change, elle doit rester la même ».
Mémoire des anciens
déportés : physiquement présent, trahir leur témoignage : le théâtre
est un bon moyen.
Problème moral du
témoignage.
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