Rencontre avec Médine au café philo : quelques notes...
Médine : « Le rap, c’est une musique urbaine née
dans les quartiers pauvres de New-York. C’est une musique de jeunes et c’est
une musique qui est associée à un certain nombres de préjugés : la
violence, l’agressivité, les filles sexy.
Je me définis comme un rappeur conscient, on évolue dans une
société de plus en plus divisée, on a donc une responsabilité envers les autres.
En tant que rappeur, on peut influencer les gens, on rentre dans les chambres
des ados par l’internet, le baladeur, les disques… On doit s’interdire d’être
faux, on doit être sincère et s’informer pour mieux transmettre. On doit vulgariser
l’intellectuel et intellectualiser le vulgaire. On doit être capable de dire l’essentiel
dans un morceau de 7min d’un bouquin de 300 pages.
Il faut créer des passerelles entre les savoirs, les gens… Susciter
d’autres vocations…
Les racines de votre
engagement ?
Mon engagement, il vient du 11 septembre2001 où j’ai ressenti
une frustration médiatique, j’en parle dans mon morceau « Don't panique »,
mais aussi de mes pères en rap, des groupes comme NTM et IAM.
Pourquoi beaucoup
jeunes de la 2ème, 3ème génération sont plus attirés par
la religion que par l’engagement politique réel ?
« A la base, c’est plus une démarche identitaire, et d’abord
ils doivent régler leur problème identitaire avant de pouvoir s’engager politiquement».
Quelques notes de l’interview de Romaïssa et Emma après le café
philo
Que pensez-vous de la
polémique de certains candidats aux élections présidentielles sur la viande
hallal ?
« ça me gêne profondément, c’est une façon d’exclure la
communauté musulmane, de mettre une population en dehors des valeurs de la république,
réveiller les vieux démons en cherchant à diviser les gens. On essaie de faire peur, chercher des
coupables.
Comment on peut s’en
sortir de ce genre d’attaque ?
« On doit être serein, ne pas répondre à la
provocation, rester digne. Même si on ne
peut pas argumenter avec ce genre d’hommes et femmes politiques, il faut essayer
de la faire. Parce que j’ai la chance d’être un artiste, de pouvoir m’exprimer
et d’être entendu surtout chez les jeunes ».
Pourquoi beaucoup de rappeurs sont moins engagée que vous ?
« C’est difficile pour les rappeurs d’être diffusés en
radio avec un discours trop radical, certains groupes deviennent plus consensuels
avec la notoriété ».
Comment un jeune d’origine étrangère ressent l’exclusion
alors que souvent elle n’a pas vraiment choisi d’être en France ?
« C’est difficile, la stigmatisation peut être vécue
différemment selon les gens, certains vont se sentir en colère, d’autres vont avoir des choses à
prouver, d’autres vont de sentir agresser… Parfois la religion peut avoir un
rôle apaisant car elle canalise les égo ».
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