lundi 15 novembre 2010

Compte rendu du café philo sur la dictature de l'épilation

Comment se fait-il que le poil soit devenu l’objet d’une bataille ?

Aujourd’hui, la mode est à l’épilation, surtout chez les femmes, mais les hommes s’épilent de plus en plus. Mais en quoi lutter contre les poils limiterait-il notre liberté ? C'est en tout ce qu'affirment certaines associations comme le MIEL qui parlent d'aliénation sinon de dictature de l'épilation... Pourquoi le poil fait-il peur, pourquoi cherche-t-on avec tant d'obstination à s'en débarrasser ?

Norelhouda : "C’est moche, et en plus c’est plus propre de l’enlever".
( => raisons esthétiques, hygiéniques)
Kelly : "ça pique !"
(=> raison pratique)

Pourquoi les parties visibles devraient-elles être épilées ?
Anaïck : "Pour qu’on ne ressemble pas à un animal".


Le fait de montrer nos poils nous rappelle que nous sommes des animaux ?
Norelhouda : "Tout de suite, quand on voit des poils, ça fait penser au singe".


Séverine : "les poils des singes sont inversés par rapport à nous : ils n’en n’ont pas sur les appareils génitaux. Les nôtres sont spécifiques et sont liés à notre évolution. Chaque poil humain a une fonction particulière. La manière dont nos poils sont répartis nous distingue donc d’eux et d’autres animaux."
Antoine : "On a des poils partout, sauf sur les lèvres et les paumes et sous les pieds ! "


Marion : "La femme s’épile pour être le moins homme possible. Ce ne serait pas pour être moins animale mais plutôt pour être moins virile".

L’épilation chez la femme la distingue de l’homme ?

Jacques : "Les poils sont liés à la sexualité puisqu’ils apparaissent à la puberté. Alors pourquoi veut-on les supprimer ? A chaque fois que l’on s’épile, ne devient-on pas, au contraire, de moins en moins homme ? Pourquoi chercher à masquer ses odeurs, ses poils ?"


Marion : "Si tout le monde puait, si tout le monde avait des poils partout, on n’oserait plus se parler."
Séverine : "Par conformisme, tout le monde s’épile donc on le fait par automatisme, comme un rite. "
Mehdi : "Il n’y a plus que les vieux qui aient des poils sous les bras ou sur les jambes à la plage librement."
Jacques : "Peut-être parce qu'ils sont moins soumis à la tyrannie de la séduction... Par ailleurs, il faut noter que cette haine du poil est récente, au 19e siècle, dans son roman « Nana », Zola insiste sur l’or doré de ses aisselles et y voit une beauté supplémentaire. "
Marion : "Oui mais on n’a pas tous des poils en or (haha.) !"


Raison d’hygiène ?
Marion : "Il y a des bactéries dedans, des aliments qui restent accrochés à la barbe."
Séverine : "Avoir des poils diminue les risques d’infection parce que le peau est protégée."
Nourelhouda : "Oui mais les footballeurs sont obligés de se raser à cause des blessures."
Antoine : "Tous les sportifs ne se rasent pas : Chabal par exemple ne le fait pas."
Jacques : "Les hommes qui s'épilent ont toujours un prétexte pour s'épiler."


Raison pratique ?
Marion : "Quand on enfile des pantalons, ça accroche !"


Esthétique ?
Une fille : "Quand on fait l’amour, si on a des poils, c’est moche ! "


Pourquoi ce rêve féminin d’une épilation totale et définitive ?
Norelhouda : "ça rend la femme plus féminine."
Jacques : "Mais la féminité est arrivée avec le poil, par exemple dans la peinture de Courbet. Dans l'étotisme japonais, dans les années 70, on demandait aux photographes de gommer les poils parce qu’ils étaient trop obscènes. "

Est-ce que les poils cachent ou est-ce qu’ils sont trop obscènes ?
Marion : "C’est vulgaire parce que les poils qui dépassent du maillot de bain rappellent que sous le maillot il y a un sexe."
Séverine : "L’épilation rend la femme mineure, la ramènerait à l’étape d’avant sa puberté."
Jacques : "C’est le principe du jeunisme, on cherche à se rajeunir. On gomme le poil = On n’est pas encore sexué."
Séverine : " Dans la société actuelle, la femme doit se maquiller, s'épiler, la femme naturelle est donc une femme laide ? C’est pour ça que ne pas s’épiler, refuser le maquillage fait partie de la lutte féministe. "
Jacques :" D’où la remise en question de la liberté par le poil : est-on libre de ne pas s’épiler dans une société où l’on considère cela comme une norme ? Epilation= grosse perte de temps que l’on pourrait employer à autre chose et grosse perte d'argent."
Laurent : "Le problème peut aussi être intermédiaire : le problème le plus souvent, c’est d’être mal rasé."
Séverine : "Ce n'est pas très vrai. On accepte la barbe, la moustache, même une barbe mal rasée. Une femme qui se laisse pousser les poils sous les bras et les jambes aura beaucoup plus de remarques, de moqueries et chez les jeunes une véritable mise à l'écart."

Xavier : "D’ailleurs, on représente souvent les voleurs mal rasés ! "
Jacques : "Oui, on les représente comme ceux qui vivent dans la marge, qui n’a pas le temps de se raser. Enlever le poil, c’est se rapprocher de la pureté. Dans l’histoire les barbares sont le plus souvent poilus : vikings. Dans l’Islam, il est recommandé de s’épiler aussi, sauf le visage. "

2 commentaires:

cdi descartes a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Jacques a dit…

un débat qui tombe pile-poil