Pour ce café philo, on n’a pas posé de questions, on ne
savait pas comment entamer le débat sur ce sujet. On reviendra donc sur le lien parent
enfant, sur la notion d’orphelin.
Qu’est-ce que ça représente ? Comment c’est vécu à l’école ? Comment
surmonte-t-on cette épreuve ? Un élève décide de témoigner.
Nathanaël : «ça
fait 6 ans que j’ai perdu ma mère. Pendant 2 ans, après la mort de notre mère,
mes frères et moi, on ne voyait presque plus mon père. On vivait chez nos
grands-parents, c’était dur parce qu’on avait perdu notre mère et un peu aussi
notre père. A l’école, beaucoup ne comprenaient pas trop ce qui s’était passé,
parce que j’étais petit, en maternelle, et mes copains ne savaient pas ce que
c’était un suicide, même si on en avait parlé dans le journal.
Aujourd’hui j’ai eu envie d’en parler parce que ça me fait du bien de
raconter ».
Cédric : « Moi,
j’ai un ami, où la mort d’un parent s’est mal passée, car sa grande sœur lui a
reproché la mort de son père, même si son père était mort d’accident ».
Jacques : «
On peut ressentir de la culpabilité quand un parent meurt.. »
Qu’est ce qu’il
manque quand un parent meurt ?
Garçon 3ème : « C’est moins convivial, il nous manque quelque chose, on se sent
un peu différent ».
Xavier : « Les
relations avec le parent qui reste changent ».
Nathanaël : « Mon
père est devenu plus affectueux depuis la mort de ma mère. Avant, il faisait la
loi à la maison, maintenant il s’est adouci, il est moins dur ».
Karen : « Après,
ça rend la vie plus précieuse, tout peut arriver, on prend conscience que tout
peut s’arrêter du jour au lendemain. On prend conscience de la réalité de la
mort, alors on fait peut-être plus attention aux autres».
Nathanaël : « Après
la mort de ma mère, dès que mon père partait, j’avais toujours peur qu’il lui
arrive quelque chose. Je ne le quittais plus, je me sentais responsable de
lui. J’avais peur qu’il se suicide aussi ».
Fille 6ème : « On doit sentir l’absence, et on ne pense qu’à elle ».
Marielle : « On
est triste, on ne parle pas, on se sent seul ».
Karen : « ça
oblige l’enfant à quitter le monde de l’enfance plus vite, ça le fait murir, il
peut affronter la vie plus facilement car il relativise ».
Nathanaël : « Mon
grand frère qui a 15 ans, depuis que ma
mère est morte, il est plus agressif, il en veut à tout le monde. Mais il en
veut surtout à mon père à cause de ses histoires de vin, il le rend responsable de la mort de
ma mère ».
Cédric : « Certains
enfants, cherchent à combler ce manque en cherchant quelque chose ou quelqu’un
pour remplacer le parent disparu ».
Marielle : « Quand
on traverse des épreuves terribles, on est plus fort ».
Charline : « ça
peut aussi apprendre la peur, peur que ses enfants meurent quand on deviendra
parents, ou nous rendre toujours angoissés par la mort ».
Eva : « Au
début, ça affaiblit, mais avec le temps on devient plus fort. Ça permet de
relativiser nos problèmes d’ados ».
Nathanaël : « Quand
j’entends quelqu’un qui dit que sa mère le fait « chier », qu’il a
envie de la tuer, moi, je m’en vais, je ne veux pas entendre ça. Moi, je n’ai
jamais choisi ce qui est arrivé à ma mère ».
Quand un camarade
dont un des parents est mort revient à l’école…
Garçon 5ème : « ne
pas lui rappeler sans arrêt ce qui s’est passé, lui faire penser à autre
chose ».
Nathanaël : « Moi
j’aime bien qu’on en parle, mais frère lui ne supporte pas, il ne supporte pas
les photos d’elle ».
Fille 5ème : « Il faut l’aider à accepter »
Fille 6ème : « Il faut lui dire qu’il soit fort ».
Garçon : « Il
faut lui parler que s’il nous le demande. On peut le soutenir dans d’autres
domaines l’école ou être juste présent pour lui ».
Nathanaël : « quand
ma mère est morte, mes maîtresses de maternelle n’arrêtaient pas de me prendre
dans leur bras, de me faire des câlins. Mais moi, j’en avais marre, je voulais
penser à autre chose ».
Comment gérer le
souvenir de la personne disparue ?
Garçon 3ème : « Le souvenir c’est trop dur, il vaut mieux essayer d’oublier la
personne ».
Marielle : «Ce
n’est pas la même réaction si c’est une fille ou un garçon ou en fonction de
son âge. Les petits ont besoin de plus de souvenirs, car ils ont vécu moins de
choses avec elle ou ils ne se souviennent pas bien ».
Garçon 6ème : « il faut garder des souvenirs, Nathanaël garde toujours la bague et la chaine de sa
mère ».
Eva : «On n’oublie
rien, on apprend à vivre avec ».
Est-ce que nos
habitudes de deuil nous aident à accepter la mort ?
Nathanaël : «
Le jour de sa mort, ou à son anniversaire, on va tous au cimetière toute la
famille, c’est bien (sauf ma belle-mère, bien-sûr) ».
Karen : « On
peut choisir de ne pas aller à l’enterrement de ses parents, parce que c’est
trop dur ».
Dans la famille
comment le reste de la famille en parle ?
Garçon 6ème : « Il ne faut pas trop en parler, sinon ça rend triste toute la
famille ».
Garçon 4ème : « Si, on doit en parler ça fait du bien de se souvenir d’un moment
heureux avec la personne partie. Ça permet à la famille de rester soudée ».
Va : « Dans
sa famille, on doit dire ce que l’on ressent ».
« Prendre
la place » de la personne disparue
Sarah : «Les
enfants ne veulent pas qu’on remplace la personne disparue, alors ça peut créer
du conflit ».
Garçon : «
Ce n’est pas très bien de remplacer la personne disparue ».
Nathanaël : « Au
départ je voulais que mon père reste seul, puis comme j’avais peur pour lui, je
voulais absolument une belle-mère. Mais après j’ai été déçu ».
Karen : « C’est
bien que le père retrouve quelqu’un, ça l’aide. Ce n’est pas facile pour celui
qui reste de refaire sa vie. Il ne cherche pas à remplacer la personne décédée
mais il cherche à aimer différemment pour se sentir plus fort aussi pour élever
ses enfants ».
Marielle : «
L’objectif c’est de retrouver du bonheur. C’est important pour toute la
famille ».
Garçon 6ème : « Pour moi ça reste une sorte d’infidélité, je ne trouve pas ça
bien ».
Garçon 5ème : « ça dépend de la belle-mère, si
elle ne cherche pas à remplacer la mère et quelle est gentille ».
Karen : « Les
enfants n’ont pas trop envie qu’une femme remplace leur mère, mais au bout d’un
moment ils peuvent apprendre à vivre avec leur belle-mère ».
Et si les 2 parents
meurent ?
Marielle : « si
mes parents meurent tous les 2, je ne sais pas trop ce qui m’arriverait parce
que je n’ai pas de parrain et de marraine ».
Garçon 6ème : « Il vaut mieux aller chez ses grands-parents plutôt que d’aller
dans un orphelinat ou avec des gens qu’on ne connait pas ».
La manière dont on
regarde ses parents ?
Marielle : « Même
si on se dispute souvent avec notre
mère, si elle meurt on se souvient que des bons moments, on oublie les mauvais
moments ».
Jeanne : « Si notre mère meurt, on peut regretter d’avoir été plus complice
avec notre père et ne pas avoir passé assez de temps avec elle. Du coup, après
on peut en vouloir aussi à notre père ».
Anouck : « On
peut devenir aussi plus complice avec son père si avant on ne l’était
pas ».
Le souvenir d’un mort
est-ce la réalité de la personne ?
Karen : « Quand
les gens meurent, que ce soit nos parents ou autres, on améliore toujours son
image, on se souvient surtout de ses qualités ».
Garçon 3ème
: « Ce n’est pas bien de dire du mal d’un mort. Il ne peut pas se
défendre ».
Voilà, bien des pistes ont été ouvertes et si on ne prétend pas avoir
fait le tour du problème, ce café-philo restera un des plus émouvants tant
l’écoute était de qualité, tant le respect de l’autre semblait présider aux
échanges.
1 commentaire:
je trouve que cela est trés triste pour l'enfant.
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