Café philo avec le docteur Primau en charge du centre de dépistage gratuit à Châtellerault
Les chiffres
« Tout d’abord, le SIDA est une pandémie, c’est une épidémie mondiale dûe à un virus, le VIH. En chiffres, ça donne : 40 000 000 de malades, 3 000 000 de morts par an et 14 000 000 orphelins. 1 personne sur 150 est porteuse du virus. Les zones les plus touchées sont l’Afrique et l’Asie. En France, 150 000 personnes sont porteuses du VIH dont 50 000 l’ignorent, selon les estimations. On a longtemps dit que le SIDA était une maladie d’homosexuel. Il faut oublier ça tout de suite, 45 % des malades du sida sont hétérosexuels. En Poitou-Charentes, il ya 790 personnes qui sont malades du SIDA, il y a 50 nouveaux cas de séropositivité par an, 50 personnes sont suivies sur le bassin châtelleraudais ».
Les définitions :
« Le VIH : virus de l'immunodéficience humaine a été découvert en 1983 par le professeur Montagnier, ancien élève du collège Descartes. Le virus entre dans le corps et il attaque les défenses immunitaires. Ensuite, quand d’autres virus attaquent, le corps n’a plus les moyens de se défendre. Donc on parle d’abord de la primo-infection, puis il y a le stade de séropositivité, puis le stade du SIDA (Syndrome de l'ImmunoDéficience Acquise) ».
Les modes de contaminations :
«Les 3 modes de contamination sont par le sexe, par le sang et par la naissance (de la mère à l’enfant).
Par le sang, c’est souvent à cause de la toxicomanie (prêt de seringue) et aussi par transfusion sanguine (mais ce n’est plus le cas aujourd’hui, des tests sont effectués).
La transmission du VIH survient dans 70 à 80 % par le sexe : rapport sexuel homme /femme et homme /homme. Les rapports sexuels femme/femme sont moins contaminants. Mais les jeunes femmes sont plus exposées à un risque d’infection dans un rapport hétérosexuel : déjà parce les organes sexuels de la femme l'exposent davantage au VIH mais aussi parce que le vagin des jeunes filles n'est pas tapissé aussi efficacement de cellules protectrices que chez les femmes plus âgées.
Par la naissance, le risque est de 25%, il est réduit à moins de 2% quand la grossesse est prise en charge médicalement ».
Que faire en cas de doute ?
« Si vous avez eu un rapport sans préservatif, il ne faut pas attendre, il faut tout de suite aller dans un centre de dépistage ou aux urgences s’il est fermé car plus le virus est détecté tôt et plus on a des chances de le contenir. »
Débat avec les élèves :
Arwen : « Les jeunes n’utilisent pas toujours de préservatifs, parce que c’est cher ».
Nourelhouda : « Tu as toujours moyen d’en trouver des gratuits : à l’infirmerie du collège déjà ou dans des centres de jeunes ».
Est-ce-que le SIDA s’est banalisé ?
Nourelhouda : « On a moins peur du SIDA parce qu’il y a les médicaments ».
Manon : « On n’en a pas toujours conscience, mais on y pense toujours quand o n’a pas de protection ».
Arwen : « il n’y a pas que le SIDA, quand on fait l’amour sans protection on a peur de tomber enceinte ».
Est-ce que vous en discutez avec vos parents ?
Manon : « On est plus à l’aise d’en parler avec nos amis qu’avec nos parents, c’est plus naturel avec nos amis ».
Marion : «ça dépend si les parents font confiance à leurs enfants, s’ils savent qu’ils vont se protéger ».
Ophélie : « Tous les parents doivent en parler à leur enfant, ce n’est pas une question de confiance ».
Arwen : «Moi mon père il en parle avec ma sœur, mais pas avec moi ».
Manon : « Les parents ont du mal à imaginer que leur enfants ont des rapports sexuels alors ils n’en parlent pas ».
Victor : « Moi, ils m’en parlent tellement qu’à force j’ai l’impression qu’ils ne me font pas confiance. Mais c’est aussi qu’ils ont peur pour moi, peur des maladies, peur des responsabilités si je mets une fille enceinte».
Victor : « Moi, je trouve qu’entre amis on ne parle jamais du SIDA ».
Jacques : « La conscience du danger est moins importante chez les ados, et c’est vrai qu’il y a une vraie angoisse chez les parents ».
Manon : «Parfois, les parents sont très maladroits pour nous parler ».
Marion : « Parfois on peut avoir envie d’en parler à nos parents mais on a peur qu’ils pensent qu’on a des rapports sexuels ».
Ophélie : « Comme on en parle au collège, les parents comptent sur les profs pour nous en parler ».
Anouk : « Souvent c’est les mères qui en parlent le plus avec leur enfants ».
Annaïck : « On n’en parle pas à nos parents car on a peur de leur regard, on a peur qu’il change ».
Victor : « On ne peut pas trop demander aux parents de parler sexualité à leurs enfants, c’est un peu comme s’ils nous parlaient de leur propre sexualité ».
Conclusion du docteur Primau : « On ne guérit pas du SIDA, on ne fait que ralentir la maladie, il faut avoir peur du sida, ne pas le banaliser. Et la meilleure protection reste le préservatif ».
Le débat, en tout cas, aura concerné près de 70 élèves : le thème intéresse toujours et c’est heureux, le combat de la prévention est loin d’être terminé.
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