Ce café philo a été décidé à la dernière minute, car des élèves ont été choqués par la violence et la fréquence de ce qu’on appelle une baston.
C’est quoi, pour vous, une baston au collège ? Comment ça se passe ?
Rayane : « Une baston, c’est 2 personnes qui s’empoignent et qui se mettent des coups de poings. Ensuite, des gens arrivent et forment un grand cercle autour d’eux, en criant des « allez ! ». La fin de baston, c’est quand les surveillants arrivent : le cercle se disperse et ils arrêtent la baston » !
Anaëlle : « Par exemple, c’est une fille qui est allée chercher une autre fille dans le Monoprix, car elle s’était senti agresser par un regard. Elle lui a dit : toi, tu arrêtes de me regarder, on va régler ça dehors. Elles ont commencé la baston, puis une des filles a sorti un couteau. Il y a un adulte qui a essayé d’intervenir mais les amies des bagarreuses ont essayé de l’intimider pour que la bagarre continue ».
Chloé : « C’est notre devoir de citoyen d’intervenir pour séparer une bagarre ».
En tant qu’élève avez-vous déjà séparé une baston ?
Rayane : « Un jour, il y avait 2 petits sixièmes qui se battaient dans le vestiaire, je suis intervenu, ça m’a paru naturel ».
Alexandre : « Parfois séparer une bagarre, ça peut nous retomber dessus ».
Anaëlle : « Ce que je ne comprends pas, c’est que quand il y a une bagarre, les surveillants séparent les bagarreurs mais c’est tout, les gens autour qui encouragent ou qui ne réagissent pas n’ont pas de sanction ».
Que pensez-vous des gens du cercle ?
Maxence : « On encourage car si on intervient on peut se faire frapper ».
Rayane : « Dans le cercle, on n’est pas seul, on est comme des mouches, on est curieux, quand on est dedans on est comme les autres. On n’intervient pas, comme les autres ».
Alexandre : « Certains encouragent ou regardent simplement pour avoir de l’action, de l’événement dans la vie du collège qui est souvent plate ».
Antoine : « Quand il y a des spectateurs, les gens qui se battent, ça les motive, ils se battent encore plus pour ne pas perdre la face, et montrer leur force ».
Chloé : « Moi, je ne comprends pas quel plaisir on a à voir une bagarre ».
Anaëlle : « Si plusieurs spectateurs réagissent, ils deviennent plus fort, et ils peuvent arrêter la baston ».
Alexandre : « Je trouve ça idiot de ne pas intervenir s' il y a une arme blanche ».
Apolline : « Les gens qui regardent une baston voient ça comme un spectacle, ils veulent savoir la fin. Ils ne pensent pas que les bagarreurs se prennent des vrais coups ».
Rayane : « On veut voir sortir un vainqueur : un par terre et un debout. Quand on est dans le cercle on se sent dans l’action sans faire d’effort ».
Pourquoi tout le monde pratiquement s’arrêterait pour sauver un petit chat blessé, mais pas pour arrêter une bagarre ?
Séverine : « On oublie souvent, au bénéfice du spectacle, qu’il ya de la vraie souffrance ».
Jacques : « Pourquoi le spectateur ne ressent pas cette violence» ?
Antoine : « Au hockey, la bagarre fait partie du spectacle, c’est pour faire viril ».
Jacques : « Tous les spectacles de violence (boxe, catch, hockey…) nous préparent à violence. Comme les jeux du cirque, avec les gladiateurs, à Rome ».
Pourquoi la baston existe moins au lycée ?
Alexandre : « Les élèves ont plus de maturité, ils règlent leurs problèmes différemment ».
Apolline : « C’est quand on ne comprend pas qu’on se bat, quand on n’a pas les mots pour se défendre ».
Rayane : « Quand on est plus grand, on n’a moins besoin de monter notre force, ça se voit ».
Anaëlle : « Quand on est plus jeune, on comprend moins les conséquences de nos actes, on est plus égocentrique, moins tourné vers la souffrance de l’autre ».
Clément : « Oui, mais dans ma primaire, il n’y avait pas beaucoup de bastons, alors qu’au collège il y en a plus et on est plus grand. En primaire c’était juste des petites bagarre ».
Antoine : « Au collège, on est un peu dans l’âge bête, dans l’adolescence, on doit prouver notre virilité ».
Est-ce que la baston n’est qu’une affaire de garçons ?
Alexandre : « Les filles qui se battent c’est souvent en bande ».
Anaëlle : « Dans les bagarres de filles, il y a souvent une fille qui frappe et l’autre qui subit les coups, alors que les garçons se donnent tous les 2 des coups ».
Alexandre : « Les filles se battent moins souvent, mais c’est plus sérieux quand elles se battent ».
Maud : « La violence ça peut venir de l’exemple : soit parce que les parents, ou le frère est violent ».
Alexandre : « Moi quand je me bagarre, ça reste un jeu, je ne donne pas de vrai coups ».
Anaëlle : « La bagarre se passe souvent de façon idiote, par un mot un regard, un geste »
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